Management fusionnel

Confrontée à plusieurs reprises en quelques semaines à une relation fusionnelle (pour les grivois, passez votre route, relation fusionnelle mais chaste !) entre des cadres et leurs managers (N-1), j’ai pu apprécier (sans apprécier) l’inconfort de ce lien.

Au premier plan, nous pouvons sans trop de difficultés, identifier le risque d’une dépendance affective qui entretient allègrement la confusion dangereusement manipulatoire entre « manager avec affect » « manager par l’affect » (Thème qui mériterait un post à lui tout seul).

En second lieu, il n’est point besoin d’être devin pour imager que le lien fusionnel puisse un jour se rompre. Terme d’une relation de l’excès, où l’émotivité et la subjectivité font office de sextant, la rupture connaîtra une probabilité proche de zéro pour se dérouler « en douceur ». Bien sûr, les « encore plus optimistes que moi » argueront de la chance qui peut être donnée à tout un chacun de se réconcilier, je ne le nie pas mais je reprendrai simplement l’image de la feuille froissée : Prenez une belle feuille blanche (relation fusionnelle, tout est lisse…), froissez-la pour obtenir une boule bien compacte (avec toute l’énergie et la hargne de la rupture) et maintenant décidez de restaurer le lien affectif, défroissez votre page (fer à vapeur chaudement déconseillé). Votre feuille blanche est-elle redevenue lisse ? Est-elle à nouveau immaculée ? Ah! Elle a des cicatrices ? Des déchirures ?

Le 3ème point dont j’ai pris conscience (mais peut-être l’avez-vous détecté depuis longtemps), c’est le piège dans lequel se trouvera, un jour ou l’autre, enfermé l’équipier « lambda ». Après avoir (peut-être) jalousé ce cercle dont il est exclu, il développera un fort sentiment d’impuissance quand confronté à une mésentente avec son manager, il ne pourra envisager (à tort ou à raison peu importe) de recourir à l’arbitrage de son N+2. Persuadé de n’avoir aucun recours, d’être pris en tenaille entre son N+1 et son N+2, sa rumination fertilisera sa perception d’être injustement traité. Et là, mesdames messieurs les managers, à défaut d’avoir (au pire) produit un fidèle ennemi vous aurez, au moins, perdu un allié …