Si vous avez pu échapper au casting du plus beau bébé (j’ai découvert avec effroi que l’élection du « Bébé Cadum » n’avait pas pris une ride depuis 1924), vous avez sans nul doute été confronté au « top » et au « flop » de la notation scolaire et aujourd’hui vous êtes dans les starting-blocks pour assister au nième séminaire de rentrée de votre entreprise, dédié (plus ou moins explicitement) à sa Performance.
Quoi de plus respectable pour une entreprise que de viser la Performance ? Sa finalité première n’est-elle pas de produire des moyens financiers suffisants pour éviter de se voir tailler des croupières par ses concurrents ? D’investir pour garder une longueur d’avance en Recherche & Développement ? De disposer d’un outil de production efficient ? D’avoir la capacité d’acheter auprès de ses fournisseurs ses matières premières, ses composants et autres prestations ? (n’oubliez pas le coaching…) D’être attractive sur le marché de l’emploi et de fidéliser ses collaborateurs ?
Aujourd’hui dans sa course à la Performance, quand l’Entreprise se sent les jambes lourdes, elle diagnostique, rationalise, modélise, copie-colle des bonnes pratiques, forme ses managers. Nécessaires sans être pour autant toujours utiles, ces potions ont l’efficacité de la Jouvence de l’Abbé Soury tant que la connaissance ne se traduit pas en actes.
Et pourquoi me direz-vous, le savoir ne se transforme-t-il pas en actions ? Eh bien parce que … parce que tel Frankenstein croyant faire le bien, l’Entreprise croit pouvoir gérer la Performance de A à Z. La créature a échappé à son géniteur, l’Homme, pour devenir omniprésente, omnisciente.
Les valeurs humaines au mieux placardées dans les couloirs, l’Entreprise oublie, même si elle le prône, que les échecs sont tout autant formateurs que les réussites, elle oublie que le droit à l’erreur est le pendant de l’initiative (et réciproquement), elle oublie que l’Homme apprend à marcher en marchant.
Les pratiques, les procédures, les modèles n’atteignent la pertinence que par leur apprentissage, lorsqu’ils sont challengés, affinés, partagés, assimilés, intégrés dans le quotidien de travail. A défaut, ils demeurent à l’état de concept et l’Entreprise, avec ses artifices d’adhésion, est bien seule dans sa course à la Performance.