Air France : Le management collectif a du plomb dans l’aile

Quel manager, au cours de sa carrière, n’est pas tombé dans le piège de la communication négative ?

A l’instar ces derniers jours de la direction d’Air France qui s’est fendue d’un courrier adressé à l’ensemble de ses pilotes, quel dirigeant n’a pas été tenté, (et en général quand un boss est tenté, il est bien rare qu’il ne cède à la tentation), de taper sur la tête de toute une catégorie de collaborateurs (quand ce n’est pas sur tous, soyons fous) se lançant dans une longue diatribe en réunion ou en armant son bras droit d’une plume assassine pour écrire un mail à l’ensemble de ses ouailles ?

Effet contreproductif garanti.

Le salarié qui franchit plus qu’à son tour la ligne blanche (et oui, il y en a aussi des lignes blanches dans le ciel), en lisant ou écoutant ce sermon se dit, au mieux : « pas vu, pas pris »,  au pire « tiens, j’ai des collègues qui exagèrent » (ce n’est pas parce que nous sommes si près des cieux que nous devons tomber dans la farce de l’angélisme).

A l’inverse, le salarié qui met un point d’honneur à respecter les procédures (même si en son for intérieur, revêtu ou non d’un uniforme, il a quelques doutes sur leur pertinence) ne comprend pas pourquoi il est la cible de la vindicte managériale. Son implication lui ôte toute capacité de discernement, il se sent visé par le mécontentement de son chef.

Sur son tableau de bord, les indicateurs s’affolent. .. La pression monte. Confiance en soi et confiance dans l’organisation passent au rouge. Motivation flirte avec le – 0.

Moralité : Dans l’aviation, comme dans tout autre secteur d’activité, le manager a tout intérêt à savoir garder son self-control….

Sauvons l’entretien annuel !!!

Dans la vie de l’entreprise, il existe un moment privilégié(Au moins un, ouf !!!)

Moment privilégié où deux individus prennent le temps (2 heures environ, c’est bien surtout quand la priorité n’est pas accordée aux communications téléphoniques intempestives !) de se parler, d’échanger, de confronter leur point de vue et d’envisager l’avenir…

C’est un moment privilégié où le manager fait  preuve de « courage managérial », il ose dire, sans agressivité, à son équipier  ce qui ne convient pas soit dans l’exécution de sa mission soit dans son comportement (j’ai écrit « soit »… « soit », mais il arrive aussi que ce soit « et ». Là, une petite dose de courage managérial entre 2 entretiens annuels est à prescrire instamment).

« Oser dire », c’est permettre au collaborateur de prendre conscience de ses écarts et donc lui donner l’opportunité de les corriger. L’entretien est là (et son chef « Qui aime bien, châtie bien ») pour identifier ses axes de progrès et mettre en place les solutions pour lui permettre de progresser.

Une fois les choses plus ou moins agréables dites (s’il n’y en a pas, inutile de vouloir faire preuve de créativité !!!) débute le moment privilégié par excellence où le manager adresse à son équipier des signes forts de reconnaissance et des encouragements sincères.

Dans notre société de consommation où tout s’achète, il est bon de rappeler que tout n’est pas à vendre, reconnaître la valeur, l’implication, l’intégrité, l’enthousiasme (liste non exhaustive quand on croit à la richesse humaine) d’un collaborateur, c’est le reconnaître dans sa dignité d’homme.

Et mon augmentation de salaire dans tout ça ???? C’est effectivement un thème légitimement récurrent dans les entretiens annuels même si la rubrique n’est pas toujours prévue dans le support. (Oh ben alors, c’est ballot !)

Un conseil en passant, sans doute encore plus d’actualité cette année que les années précédentes…

Rubrique rémunération prévue ou non,  le manager se doit dès le début de l’entretien d’aborder, courageusement, le sujet. Pas de fausse promesse, pas de langue de bois.

Le manager n’a aucune latitude sur la rémunération ? Il le dit (cela doit « juste » être vrai).

Le manager dispose d’une enveloppe à répartir dans son équipe, il explique son mode de répartition (l’école des fans a fermé ses portes depuis longtemps) et pourquoi il a décidé de lui attribuer  une augmentation plus ou moins conséquente qu’à ses petits collègues.

 Ne pas parler de la rémunération dès le début de l’entretien, c’est immanquablement gâcher l’intégralité de ce moment privilégié et rare.

Même si on apprécie Abba, écouter en fond sonore  pendant 1h50 « Money, Money, Money », ne favorise pas la concentration du manager et de son collaborateur sur les autres sujets de fond(s) …

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