Retour sur une tablée hétéroclite (politique, sportive et entrepreneuriale) réunie par l’Esam de Lyon pour disserter, partager et disséquer la place de l’Ego dans la réussite.
Hétéroclite mais renforçant la conviction que lorsque chacun (quelle que soit son aura médiatique) est respectueux de la parole et des émotions de l’autre, le fleuret moucheté se substitue (avantageusement) aux couteaux tirés.
La conscience de sa propre valeur n’est pas plus innée que constante. Elle se construit dans le regard de l’autre, dans ses encouragements, dans l’accueil de sa gratitude. L’Ego se nourrit de la réussite, de la victoire du Grand Soir et des petites victoires du quotidien. C’est un don de l’autre, mais pas que…
Pas que… car encore faut-il (aussi) avoir le courage de se faire violence pour sortir de sa coquille, pour réaliser ce que nous n’avons jamais fait (ou pire encore :)) pour reprendre une action dans laquelle nous avons précédemment échoué.
Quand notre Ego est piqué au vif, il bouillonne de justifications toutes aussi plus ingénieuses qu’auto-indulgentes : c’est la faute aux sondeurs qui manipulent les électeurs, c’est la faute au directeur de campagne, au sélectionneur sportif, c’est la faute au hiérarchique qui ne sait pas (ou sait trop bien) reconnaitre ma valeur pour m’accorder cette promotion tant méritée…
Ce stade (à géométrie variable d’un individu à l’autre) est nécessaire pour permettre à la colère, à l’amertume, à la déception de s’évacuer. Le dépasser, c’est grandir. L’Ego piqué au vif est alors un aiguillon qui pousse à agir, non pas pour satisfaire à de basses manœuvres vengeresses (j’ai dit grandir !) mais pour mériter l’estime d’autrui.
Je terminerai cet article en l’illustrant avec l’expérience de Paul.
Paul, au tout début de sa vie active, rejoint l’entreprise industrielle dirigée par son beau-père. Quelques mois plus tard, ce dernier succombe à une crise cardiaque et Paul se retrouve à la tête de la société.
Peu coutumier des bars du village, un soir pourtant alors qu’il prend un verre avec un ami, il surprend la conversation qui anime l’assemblée. C’est certain ce jeunot, que personne ne connait, va sous peu conduire l’entreprise familiale à sa perte. Paul sort du bar sans rien dire mais emportant avec lui cette flèche décochée à son amour-propre.
Cette remarque blessante a toujours aiguillonnée son Ego, que ce soit dans les phases de réussite comme dans les phases plus compliquées, qui sont le lot de l’entreprise (précision à destination de ceux qui l’ignorent encore). Trente ans plus tard, Paul n’hésite pas à remercier ces anonymes d’un soir qui font qu’aujourd’hui, il passe le relai, d’une entreprise prospère, à son fils.