A tous ceux qui n’aiment pas le conflit

Au cours de ma longue (et oui déjà) carrière, j’ai plus d’une fois côtoyé des personnes qui me déclaraient de but en blanc (Vas-y Laurent, la France compte sur toi) : « Je n’aime pas le conflit ».

Ah mais quelle excellente nouvelle ! Aimer le conflit ne relève pas du champ de l’entreprise (pas plus que de la sphère privée d’ailleurs) mais tout bonnement de la thérapie.

A l’affirmatif, cette expression indique que l’on aime le conflit, donc tout au moins que l’on ne fait pas l’effort de comprendre l’autre, de se remettre en cause et donc (ah c’est très honorable) que l’on n’hésite pas à se montrer blessant, quitte à être (méchamment) injuste.

Vous l’avez sans doute remarqué (interpellation de confiance à l’adresse de mes lecteurs), ceux qui n’aiment pas le conflit, l’évitent. Ils se drapent de cette « tare » pour justifier leur fuite devant leurs responsabilités. C’est ni plus ni moins qu’un prétexte fallacieux : « Je ne veux pas faire de la peine » pour occulter le leitmotiv : « Je ne veux pas prendre le risque de ne plus être aimé ».

Sauf que cette attitude, au lieu de désamorcer la tension, l’accroît (et la bannière) : les esprits s’échauffent (même en baissant le thermostat de la climatisation), des mots doux voltigent, la cohésion s’éparpille. Seul effet (si je peux me permettre) « positif » : le manager est conforté dans sa conviction : « Décidemment, je n’aime pas le conflit » !!!

Au paroxysme de la crise, l’équipe, plus ou moins consciemment, entre en scène. Soit elle investit un leader qui exécute le sale boulot (quand on laisse pourrir, le résultat est rarement propre) soit elle désigne un bouc émissaire qui se voit affublé de tous les griefs (découvrant au passage que la souffrance au travail n’est malheureusement pas l’apanage d’une catégorie d’entreprises).

Résultats = Effets contre-productifs.

Dans son acception économique : quand une équipe baigne dans un climat délétère, sa préoccupation n’est plus celle de produire.

L’exemplarité managériale est laminée : un manager n’est pas là pour être aimé (s’il l’est tant mieux) mais pour assumer aussi (pour ne pas dire surtout) dans les situations difficiles.

Bon d’accord mais comment faire ? (merci pour vos encouragements, je poursuis…).

Nous avons vu (j’espère) les limites de la fuite. Il existe une autre voie qui permet d’éviter le conflit, c’est celle de l’anticipation. Pour l’expliquer (en ce jour où les camions de pompiers défilent) je ferai une métaphore avec la prévention des incendies de forêt

Soyez en alerte face aux signaux de fumée : absentéisme, ambiance pesante, éclats de voix, soupirs…

Prenez appui sur votre vigie : vous êtes le manager mais pas superman. Vous avez la chance d’être entouré par une équipe, faites-lui confiance, sondez la, écoutez la.

Débroussaillez : ne laissez s’instaurer du provisoire qui dure. Repensez régulièrement votre organisation en fonction de l’évolution des charges de travail, des compétences dont vous disposez…

Montez dans votre tour de guet : (Eh là, ce n’est pas une tour d’ivoire !!!). Portez un regard d’ensemble pour éviter de vous focaliser sur un collaborateur (que vous aurez tôt fait d’étiqueter d’« emmerdeur de service »)  c’est souvent « l’arbre qui cache la forêt ».

Entraînez-vous : Même si la condition physique est importante, conditionnez-vous psychologiquement. Plutôt que vous convaincre en vous répétant : « Je n’aime pas le conflit. Pour l’éviter, je le fuis » soyez acteur et endosser votre rôle : « Je n’aime pas le conflit. Pour l’éviter, je l’anticipe ».

Cordialement vôtre

Les vertus de la gentillesse dans l’entreprise

Où comment en bannissant de son dictionnaire le mot « Gentillesse », l’entreprise a-t-elle pris le risque de la bouter hors de ses murs.

Il est de bon ton dans l’univers professionnel que nous avons bâti depuis ces 50 dernières années d’asseoir la posture du manager, ou de l’employé prédestiné à « faire carrière », sur un comportement aseptisé de tout affect. Sous prétexte d’évoluer dans un monde de requins, il doit (sans être gêné aux entournures) pouvoir endosser le scaphandre du squale.
Dans la représentation collective, le sourire du winner s’ouvre sur des crocs. Difficile dans ces conditions pour ses congénères (et néanmoins collègues) de ne pas adopter un comportement similaire. A minima, ils plongent dans la défiance.

Et pourtant, à l’heure où l’on découvre ou redécouvre, les vertus de l’émotion (même si pour faire savamment scientifique on lui attribue, comme à son prédécesseur intellectuel, un quotient), l’entreprise gagnerait, alors que les ravages de la crise de confiance demeurent grandement insoupçonnés, à encourager la gentillesse.

Le gentil est un régulateur spontané au sein d’une équipe. Son attention à l’autre est facteur d’exemplarité et lui ouvre la capacité à désamorcer les crises du quotidien. Sa vision positive du monde (univers et individus qui le compose) insuffle la confiance.
En chassant de son vocabulaire la gentillesse, l’entreprise a mis à mal toutes les valeurs qui lui sont attachées : Solidarité, Confiance, Exemplarité, Cordialité, Empathie, Gratuité, Sérénité, Respect…

Aujourd’hui, c’est quoi un gentil dans l’entreprise ? Un naïf, peu performant, que l’on garde parce qu’on est bien gentil !!!

Pour casser cette image, forgée dans l’entreprise comme au-dehors, testez la naïveté supposée d’un gentil que vous avez la chance de côtoyer (à moins que vous soyez un de ces heureux élus, ce qui explique pourquoi vous lisez ce blog !!!), vous pourrez constater, à vos frais (il n’y a que la gentillesse qui soit gratuite dans ce bas monde), qu’en franchissant la limite qu’il a lui-même établie, le gentil sait être aussi champion dans l’échange de gentillesses !!!

Manager : Prendre le temps de décider vite…

Le manager est un homme attendu. Attendu par son patron sur l’atteinte des objectifs fixés (ou négociés s’il s’agit d’un vrai grand patron). Attendu par son équipe sur sa capacité à décider vite (au passage aussi, sur son courage à assumer ses décisions, mais là c’est un autre sujet).

Chacun sait, dans sa sphère professionnelle comme personnelle d’ailleurs, que prendre une décision dans l’urgence ne rime pas souvent avec pertinence. Pourtant la réalité du monde de l’entreprise pousse le manager à prendre rapidement ses décisions.

Combien de temps le manager peut-il accorder à sa réflexion ? (… Un certain temps, Merci Fernand).

Deux facteurs (La Poste ne recule devant aucun sacrifice) entrent en jeu :

la confiance que lui porte son équipe. Le temps de réflexion sera soit assimilé à sa compétence (capacité à évaluer les enjeux) soit à une authentique tergiversation mettant à mal son statut de décideur et donc de manager.

L’intérêt qu’il porte, au quotidien, à chacun de ses collaborateurs et à son équipe (entité à part entière). Intérêt qui lui permet d’appréhender, en temps réel, les signaux forts et faibles, leviers ou freins à la réussite de l’option choisie.

Ainsi, la prise de décision sera d’autant plus rapide et pertinente que le manager aura anticipé l’urgence.

Comment ? En étant à l’écoute de tous les éléments de communication qui ne passent pas (et tant mieux) dans le workflow !!!

Accompagner les acteurs de l’entreprise sur leurs scénarios professionnels !