Bilan de compétences : Hasard ou frétillement ?

Sur ces dernières semaines, j’ai été sollicitée à plusieurs reprises pour réaliser des bilans de compétences.

Les salariés, qui sur ces deux années passées, ont dû adopter la posture du « dos rond », redresseraient-ils la tête ? Recroquevillés sur leurs postes pour affronter la tempête économique, éprouveraient-ils l’envie de redécouvrir le monde du travail au-delà de leur entreprise ? Hasard ou frétillement ? Je pencherai plutôt pour un fourmillement (salutaire) dans les têtes qui ne demande qu’à descendre dans les jambes.

Après avoir avalé quelques couleuvres (départs plus ou moins contraints de collègues, mise en place d’une nouvelle organisation, fin de non-recevoir aux aspirations salariales ou à l’accès à une autre fonction, soumission à un management directif et centralisateur….), le salarié, avec le retour du printemps, peut légitiment penser que l’herbe est plus verte ailleurs. Certains choisiront à la première occasion de claquer la porte de l’entreprise pour se venger de ces humiliations indigestes (il se trouvera toujours un collègue bienveillant pour les encourager à franchir le Rubicon même si la galère n’est pas la plus enviable des embarcations), d’autres prendront le temps de s’interroger. Cette phase de réflexion pourra (ou non) être réalisée dans le cadre d’un bilan de compétences. Ce formidable outil (remarque à l’intention des bricoleurs du dimanche : comme tout outil, il est formidable si l’on sait s’en servir et à bon escient) a pour vocation d’aider le salarié à structurer sa réflexion, à investiguer ses potentialités et celles du marché, à challenger les différences hypothèses qui s’offrent à lui. Nous pouvons regretter pourtant (utilisation du « nous » car j’espère ne pas être seule à partager ce point de vue…) que la mise en œuvre de ce dispositif s’apparente de plus en plus au dernier tour d’honneur d’une expérience qui s’achève dans l’entreprise. Soit le salarié s’engage à titre privé dans la démarche pour peaufiner (en sous-marin) son projet de départ, soit le bilan de compétences est déposé par l’employeur dans la corbeille du divorce pour adoucir la séparation. Pourtant à l’heure des doutes, (qui on s’en doute ne sont pas du meilleur effet sur le moral des troupes), les entreprises gagneraient à promouvoir le bilan de compétences auprès de leurs salariés pour leur permettre d’envisager (aussi) l’entreprise où ils travaillent comme un possible motivant de leur parcours professionnel à venir.

Quand Apter s’invite dans le TGV

Ayant confié le soin à trois réveils, (programmés en série), de m’extraire des bras de Morphée, me voici de bonne humeur embarquée, dès potron-minet, dans un TGV à destination de la Capitale.

Plaisir de savourer une paire d’heures de sérénité, confortablement installée dans la divagation de mes pensées, bercée par la petite musique d’ambiance traditionnelle de cet horaire : le ronflement du cadre récupérant d’un week-end festif associé au bruissement de son collègue bataillant avec un dossier qui résiste vaillamment à sa compréhension.

Selon la Théorie du Renversement, ma motivation est polarisée sur l’état « Enjoué », je prends plaisir dans le présent, je profite du voyage.

Oui mais qui dit renversement, dit instabilité, changement. Démonstration vécue (ou plus justement subie). Quelques courtes minutes après notre départ, je bascule dans l’état motivationnel opposé, en l’occurrence le « Sérieux ». Je suis maintenant centrée sur le but, sur l’atteinte de l’objectif : l’abordage au plus vite de la Gare de Lyon.

Michael Apter a identifié 3 facteurs déclenchant le renversement :

  • La satiété. Vous avez fait le plein sur un pôle, vous basculez dans son opposé. Pour l’illustrer dans le binôme Enjoué / Sérieux, après avoir fait le plein de caféine, de radio-moquette et autres histoires drôles à la machine à café avec des collègues que vous appréciez, vous retournez à votre bureau mettre à jour l’incontournable tableau de bord du lundi matin. Là, le TGV étant peu éloigné de sa gare de départ, j’étais loin d’être repue…
  • La frustration. Vous avez conscience que le pôle utilisé ne vous donne pas satisfaction, vous basculez dans l’autre. Là encore, pas de frustration en vue, je déguste le moment présent.
  • Les contingences extérieures. Votre environnement, les circonstances vous précipitent dans l’état motivationnel opposé.

Alors là, comment elles se matérialisent ces contingences extérieures ? … Elles ont la tête de deux cadres, placés en face de moi dans le carré famille. L’un débonnairement joufflu, l’autre diamétralement racorni.

Au rythme acerbe du monologue de cet employé modèle (tout du moins dans son catalogue personnel), le TGV s’est mû en TGL, Train Grande Lenteur. Extrait du florilège égrené lèvres pincées, bras croisés, regard fixe : « Tu comprends, je lui impose un reporting toutes les semaines. Ca ne me sert à rien, j’ai accès directement à tous les chiffres (Respect, Monsieur est un homme de pouvoir), je sais que ça l’emmerde (il est de notoriété publique qu’em… un salarié est le plus sûr moyen de le motiver), c’est pour lui faire prendre conscience de la nécessité de faire un budget.» !!!

Eblouie par ce don de soi, par cet élan de générosité qui le porte à habiller chaudement toute l’entreprise, de l’informaticien au big boss, je ne parviens plus à basculer dans l’état enjoué. J’ai beau appeler Maxime Le Forestier à la rescousse « On choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les passagers du carré famille du TGV…» je suis affligée par les propos de ce cadre, tout peine trentenaire, qui a laissé sur le quai (et pas seulement depuis qu’il est monté dans ce train) toute sympathie.

Arrivée Gare de Lyon, il y a urgence à développer un état d’esprit différent pour bien vivre cette journée d’intervention en clientèle. Après ces 117 minutes éprouvantes, 20 minutes de métro et de marche à pied pour évacuer et basculer de nouveau dans l’état « Enjoué ». Je secoue ma conscience : je vais à la rencontre de personnes agréables, qui mettent leur intelligence au service du développement de leur entreprise, qui favorisent les relations respectueuses et chaleureuses (Il y a même de ces spécimens dans le TGV, des fois…).  

… Tiens, il fait beau…

Identifier les leviers de notre motivation

J’ai emprunté (et ce n’est pas sans intérêt) le chemin des écoliers pour faire ma rentrée mais me voici et, qui plus est, bien décidée à vous faire partager une rencontre. Non les voyeurs changez de site, pas question ici d’évoquer un sujet aussi, comme dire … bateau que les amours de bord de mer en période estivale.

Cet été, j’ai fait la connaissance de Michael Apter un psychologue, so british bien qu’installé aux U.S.A, qui cherche (et trouve) depuis près de 30 ans, les éléments fondateurs d’une nouvelle théorie de la motivation. Comprenez mon émoi, j’ai parlé avec une théorie : La Théorie du Renversement ou Echelle des Styles Motivationnels d’Apter (ESMA).

Je devine, à votre sourire en coin, les pensées qui fusent dans votre cerveau en ébullition : une nouvelle théorie de 30 ans d’âge ? Encore un remède miracle pour accroître la motivation ?

Au-delà du personnage, ce qui me séduit dans l’approche menée par Apter, et relayée par les neurones et expériences de psychologues et universitaires à travers le monde, c’est que je perçois cette théorie comme à la fois optimiste et responsabilisante. Je m’explique :

Vous avez tous été un jour ou l’autre (si ce n’est pas encore le cas, patience votre tour viendra) soumis à la question (Depuis que le Moyen-Age a sévi, on parle plus volontiers de tests ou évaluations).

Pour ses adeptes, le Pentothal, plus connu sous les vocables de MBTI, HBDI, Process Com ou autre Ennéagramme (…), révèle les traits de la personnalité. Bien sûr, le recours à ces pratiques peut être aidant pour ouvrir un échange avec un candidat ou un collaborateur mais leur propagation sert, plus souvent qu’à son tour, de valeur refuge pour enrober une fin de non recevoir.

Si les résultats sont bons, (bien sûr on vous dira toujours qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais résultats), c’est qu’ils correspondent en clair aux critères gravés sur la feuille de route du recruteur. Vous aurez alors obtenu le sésame pour entrer ou évoluer dans l’entreprise.

Et après, vous en faites quoi de savoir que vous êtes travaillomane, réformateur, INFJ ???

La théorie du renversement structure nos expériences pour mettre en évidence les styles motivationnels activés (ou pour faire moins savant, l’état d’esprit que nous adoptons pour aborder une situation) .

Nous avons tous accès à 4 paires d’états motivationnels. Nous sommes autant à l’aise dans un style que dans l’autre et pour chacune de nos actions, nous les sollicitions … à bon ou à mauvais escient, consciemment ou non !!!

La Théorie développée par Michael Apter est responsabilisante : elle nous permet de prendre conscience des styles activés dans une situation donnée et de « renverser » (d’où le nom de sa théorie) dans un autre état pour, par exemple gérer un stress ou sortir d’un sentiment de frustration.

C’est une théorie optimiste car elle ne nous fige pas dans un profil et nous enseigne que nous (comme nos chefs) sommes en capacité de changer !!!

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