Appréhender un événement pour mieux le vivre

Que celui qui n’a jamais connu  une appréhension à la perspective d’un rendez-vous lève sa souris ? Quoi ? Pas une appréhension mais une peur, une frayeur ???

Oui, vous la connaissez inévitablement cette angoisse lancinante qui tiraille vos entrailles, noue vos cordes vocales, initie vos mains aux circonvolutions de monsieur Parkinson, le tout fermement camper sur vos jambes chamallows.

Le film prospectif se déroule : un zoom avant sur la bobine patibulaire de votre chef, sur le regard noir de votre client furieux, sur vous en guest star looser ….

La tentation est grande de chasser ces images apocalyptiques. Seul souci la télécommande high tech s’avère inopérante.

N’étant pas adepte des champignons hallucinogènes (je préfère de loin les girolles et autres trompettes), je vous recommanderai une autre formule.

Fermez les yeux pour savourer ces images d’épouvante. Forcer le trait, rajouter du noir, monter une bande son digne des encore moins bons films d’horreur de série C.

Bien préparé à vivre le pire, votre rendez-vous ne pourra que vous sembler plus « doux », voire même fort agréable.

Pas plus tard qu’hier soir, j’en ai fait encore l’excellente expérience. Invitée par une délicieuse grande dame à m’immiscer auprès de ses amis (tous plus brillants les uns que les autres) pour partager un diner, à une table haute réputation, j’appréhendais ce « décalage ».

Les jours précédents, mon imagination s’est emballée : Pierre Assouline sera-t-il (encore) du Dîner ? Francis Veber a-t-il décidé de tourner un remake ???

Cette soirée ? Un délice où l’on découvre que les oreilles sont, elles aussi, équipées de papilles gustatives.

Quel bonheur que d’être témoin de ces échanges où culture, amour de l’art et passion se disputent avec éloquence et élégance, sans jamais aucune suffisance.

Cette soirée fait résonance chez moi avec cette citation : « L’homme qui découvre ce qu’il aime faire n’aura plus jamais besoin de travailler » mais comme ma culture a ses limites, je laisse aux érudits le soin de nous communiquer le nom de son auteur…