Doute et Humilité, qualités premières du décideur ?

Qu’est-ce qui rend une décision difficile à prendre si ce n’est cette petite voix qui marmonne (en montant plus ou moins dans les graves) qu’il ne s’agit (peut-être ?) pas de la « bonne décision ».

A tout problème, sa solution. Là, quelle chance, il y en a 2 !

Courir chez le premier libraire venu et investir 27 €uros dans un des multiples manuels vous promettant de devenir un « Manager d’excellence ». Vous découvrirez (si vous n’avez pas confondu avec le rayon « Cuisine », c’est vrai qu’il y a une ressemblance certaine dans ce foisonnement de recettes) que le doute est (sans aucun doute) banni du vocabulaire managérial. Ici, le manager est censé rassurer « ses troupes », représenté en capitaine de navire, sûr de son cap, bravant la tourmente, droit dans ses bottes. Ce manager, élevé aux biberons « Sois-fort », « Ne pleure pas », « Bats-toi », (j’en passe et des pas meilleurs) ne doute pas. Sacrilège ! Ce serait un signe de faiblesse, même si perfidement nous pouvons « douter » de la survivance de cette icône au regard des évolutions technologiques et sociétales…

La 2ème solution, celle qui a de loin ma préférence (Ah bon, vous aviez deviné ? Quelle perspicacité !!!) consiste, pour le manager, à s’accorder la permission de douter avec humilité.

Pourquoi ? « simplement » pour reconnaitre qu’il a besoin de rassembler un maximum d’informations (et tant qu’à faire de sources diverses pour échapper au ronron des courtisans) afin de prendre la « bonne » décision à l’instant T. La phase « avant-décision » est essentielle (sans pour autant être expert de l’analyse systémique) pour considérer, également, les répercussions probables de sa décision sur un système qui regroupe des organisations et des hommes.

Le décideur qui ne doute pas, c’est celui qui ne doute plus car plutôt que de court-circuiter les signaux d’alerte, il les observe, les analyse, les challenge, les intégre dans sa décision.

Francis Bacon s’est gentiment proposé de conclure ce billet … (c’est ce que l’on appelle « douter de rien ») : « Si on commence avec des certitudes, on finit avec des doutes. Si on commence avec des doutes, on finit avec des certitudes ».