Promesse, il est des mots…

Rien de plus efficace pour appréhender un concept que de l’expérimenter, même si l’expérience peut s’avérer violente…

La promesse au paroxysme du libre-arbitre

Avec ses grandes étapes, la naissance, la mort, les joies, les peines, la vie nous rappelle à notre condition humaine. Bien que certaines quantités varient d’un individu à un autre, le bornage, jusqu’à preuve du contraire, est universel. Dans les intervalles, chacun invente sa façon d’être présent au monde, d’agir et de vivre.

Pour bien agir et vivre, notre culture occidentale érige l’individualisme en code de conduite. Nos actes ne peuvent être que le fruit de nos choix libres et éclairés. Nous nous élevons (avec plus ou moins de réussite) à coup de mantras : « Prends ton destin en main » – « Vis en conformité avec tes valeurs » – « Sois digne de confiance » (… la liste est longue !).

Ainsi, boostés à la quête de l’estime de soi et ne doutant pas du pouvoir de notre volonté, nous nous engageons sur des promesses, pensant, crédules, être en mesure de façonner l’avenir tel que nous le souhaitons.

Pourtant, promettre, c’est se lier à un futur dont nous ne disposons pas, ou du moins, pour rassurer les plus existentialistes d’entre-nous, dont nous disposons que partiellement. Nos capacités anticipatrices ont leurs limites (et ce même auprès des diseurs de bonne aventure, cf. leurs prédictions de ce début d’année 2020).

La promesse aux mains des moralisateurs

Alors quand la vie vous met face à la dette d’une promesse non tenue, vous pouvez vous flageller en psalmodiant les citations foisonnantes sur ce thème : « Sois fidèle à ta promesse et ne trompe pas l’homme qui compte sur toi » ; ou encore un peu plus cruelle sur l’échelle du masochisme : « La confiance est rompue quand la promesse n’honore pas sa parole ».

C’est une technique performante pour maintenir béante une brèche dans l’estime de soi.

La promesse à l’épreuve de la condition humaine

Vous avez aussi le choix de faire vôtres de sages paroles. Les paroles qui vous rappellent que la promesse dépend des contingences, ces circonstances fortuites qui échappent à la prévision et à la volonté.

Pour ce faire, si vous n’avez pas une Marie-Christine (clin d’œil) à portée de main, écoutez Hannah Arendt : « L’existence humaine est une existence conditionnée ». Découvrir ou redécouvrir Hannah Arendt

Et puis surtout, le jour où vous reformulez une promesse, avec tout votre cœur et avec toute votre sincérité, gardez à l’esprit que dans « condition humaine », il y a condition, soit une dose certaine de conditionnel…