L’organisation de l’entreprise favorise-elle la motivation du salarié ?

Entreprise recrute salarié impliqué, réactif, autonome, fiable et enthousiaste.

Salarié recherche à s’épanouir dans un environnement professionnel favorisant l’émergence de ses talents et compétences, dans une relation de travail basée sur la confiance et l’autonomie.

Question : Pourquoi ces deux annonces matchent moins que rarement dans la vraie vie ?

Venez faire un petit tour avec moi sur le site de l’APEC. 12 412 annonces de recrutement ressortent sur le mot-clé « Autonomie », 954 sur « Confiance », 922 sur « Epanouissement » et le top du top, 34 conjuguent allégrement les 3.

Selon que vous soyez employeur ou employé (et un tantinet désabusé), vous me direz que c’est, de part et d’autre, de la poudre aux yeux. L’entreprise cherche à enjoliver sa réalité pour attirer le quidam et le quidam recherche (depuis les 35 heures, c’est bien connu) un emploi pas un travail !!!

Facile et pratique de considérer, pour l’employeur comme pour le salarié, que la maldonne vient du camp opposé, on se réinvente la lutte des classes façon XXIème siècle et Karl peut dormir tranquille.

Sauf que… nous pouvons, aussi, envisager le problème sous l’angle de l’organisation du travail, histoire de dégraisser le mille-feuilles (aux dernières nouvelles, les paléontologues n’ont toujours pas trouvé trace d’un mammouth vivant…).

N’y-a-t-il pas (un peu, c’est encore le début d’année, je ne veux pas me fâcher avec tout le monde !!!) d’incohérence à prôner « Autonomie, Confiance, Epanouissement »  et dans le même temps, favoriser la prolifération des encadrants (directeur, responsable, chef, cadre de proximité… et autres de tout poil) ?

Conséquences ? Chacun de ces manager veut montrer qu’il existe.

Les circuits décisionnels s’allongent et se complexifient. Dans certaines entreprises, la complexité est (sportivement) prénommée « Processus d’escalade ». Si vous aviez l’intention d’utiliser le jus de cerveau de votre salarié autrement qu’en négociations internes (avec des hiérarchiques qui disposent peut-être d’un stock plus limité), prière de s’abstenir, il sera immanquablement sujet au vertige du vide abyssal.

La prolifération managériale démultiplie les objectifs et, pire encore, ils sont confondus (douloureusement) avec les moyens. Qu’est-ce qui importe ? : Que x comptes clients soient ouverts sur l’année ou que votre commercial fasse x visites par mois ? Fixez les objectifs, contrôlez leur bonne réalisation, c’est votre rôle de direction. Donnez les moyens, c’est votre responsabilité mais de grâce (laissez-les vivre), laissez-les choisir Comment !

A votre louable pensée d’offrir une perspective d’évolution à vos collaborateurs en leur octroyant le bâton de maréchal-manager, je répondrai Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences + Bilan de compétences + Accompagnement sur la fonction.

Mais là c’est une autre histoire (que nous pouvons écrire ensemble…)

Que fait Michaël Apter au milieu des poissons ?

Tout comme Ordralfabétix dans les aventures d’Astérix, je vous invite à prendre et reprendre du poisson. Et comme sur son étal, il est frais mon poisson, même très rafraichissant, sauf que vous trouverez « Fish » dans les étagères des librairies.

Fish est un récit imaginé à partir de l’expérience de vie que réinventent chaque jour les poissonniers de Pike Place à Seattle.

Les poissonniers de ce marché sont partis du constat que même s’ils n’avaient pas toujours le choix du métier qu’ils exercent, ils ont toujours le pouvoir de choisir comment l’exercer.

Forts de cette conviction, chaque jour ils mettent en œuvre leur stratégie :

Choisir son attitude : ils ont découvert qu’ils détenaient le pouvoir de décider de l’état d’esprit dans lequel ils abordent et vivent leur journée

Jouer : Même face à des tâches rébarbatives et peu valorisantes au regard des critères de Wall Street, ils travaillent en jouant (à moins qu’ils ne jouent en travaillant…). 2ème grande découverte à destination des engoncés : La qualité, la productivité, le professionnalisme, la performance individuelle et collective (liste non limitative) ne sont pas solubles dans la bonne humeur

Illuminer leur journée : Chacun va au devant de l’autre (client, collègues, équipiers…) pour partager avec lui énergie et bonne humeur

Etre présent : Chacun est disponible, attentif à l’autre, à ses besoins, à ses attentes. Pas question, (comme on peut le voir dans certaines fictions sans lien aucun avec une quelconque réalité d’entreprise car intégralement imaginées par un esprit fantaisiste) qu’un manager puisse avoir un entretien avec un collaborateur tout en répondant à ses mails et à son téléphone…

En lisant Fish, je me suis dit que Michaël Apter, créateur de la Théorie du renversement, doit faire souvent ses courses au marché de Pike Place.

Les poissonniers expérimentent tout au long de leur journée la palette des états motivationnels que nous offre Dame Nature (« Sérieux » quand à 5 heures du matin, il s’agit de décharger les camions et préparer les étals, « Maitrise » pour veiller à la qualité de l’approvisionnement…).

Ils puisent leur motivation en adoptant sciemment les états « Enjoué », « Sympathie » et « Orienté vers Autrui ». Ces enthousiastes poissonniers ont choisi de ne pas subir, car ils ont compris que « l’homme n’est pas une statue mais un danseur ».

Courage managérial : c’est encourageant

Tout d’abord « Oui ». Oui ce fut un véritable plaisir de pouvoir échanger avec des entrepreneurs, des cadres et un chercheur sur notre vision respective du courage managérial.

Ce fut un plaisir encore plus fort que de constater que ce sujet (qui déserte parfois, reconnaissons-le, la sphère de l’entreprise) demeure bien vivant au palmarès de l’intérêt que lui portent les nombreux étudiants, parents et professionnels présents à la conférence.

Nous avons tenté, avec nos mots, nos convictions, notre vécu, de répondre aux questions qui fusaient : « Le courage managérial est-il lié à l’âge ? » « Comment s’exprime-t-il en temps de crise ? » « S’apprend-il ? » « Peut-on seul faire preuve de courage managérial ? » « Est-ce une compétence ou une valeur ? » « Peut-on être un leader sans courage managérial ? » (…) Chacune de ces interrogations est un sujet de conférence en tant que tel et sans nul doute un riche gisement pour les entreprises (en quête de thèmes pour un prochain séminaire et/ou en pleine réflexion sur la motivation de leurs salariés…).

Le cocktail ayant sonné la fin des échanges, nous n’avons pu répondre à l’un des participants « Le courage managérial suppose-t-il d’oser se mettre en danger ? » La réponse que j’apporte (et que mes collègues d’un soir peuvent allégrement challenger) est la suivante.

Le courage managérial présuppose la confrontation avec la peur, peur engendrée par les conséquences de l’action (dangers réels ou potentiels) : peur de l’exclusion, peur de l’échec, peur de se tromper, peur de ne pas être aimé… Peu importe que la peur soit petite ou grande, rationnelle ou non, elle préexiste au courage.

Le passage à l’acte (droit dans ses baskets) implique que le manager préalablement procède à une pesée des enjeux et objective ses peurs : « Qu’ai-je à gagner si j’agis ? » « Qu’ai-je à gagner si je n’agis pas ? » « Qu’ai-je à perdre si j’agis ? » « Qu’ai-je à perdre si je n’agis pas ? »

Le courage managérial induit d’oser se mettre en danger mais ce danger n’est pas nécessairement « dangereux » : il est souvent dans la tête et il n’est pas systématiquement (et heureusement) porteur de conséquences dramatiques.

En effet, le courage managérial ne s’exprime pas uniquement dans des actes héroïques. Il s’apprend, s’expérimente, dans notre quotidien, en osant (déjà) sortir de notre zone de confort.

En organisant cette première conférence débat « Manager : Courage fuyons ? » l’ESAM de Lyon a rencontré un beau succès.  Qui dit 1ère dit début d’une longue série… Avec nos chaleureux encouragements.

Accompagner les acteurs de l’entreprise sur leurs scénarios professionnels !