Manager comme nous aimerions l’être ?

Récemment, j’ai la chance d’animer des formations management auprès de responsables de centres de profit (N’est-ce pas une légitime justification Marie- Laure à un manque de régularité dans la publication des articles ???).

Poursuivons le propos. A l’occasion d’un échange sur les styles de management, l’un des participants se présente en indiquant qu’il anime son équipe tel que lui-même apprécie d’être manager. Vous remarquerez que ces managers ont souvent un rapport assez « distendu » avec le normatif et le contrôle, la relation se fonde avant tout sur la confiance, au risque de vivre un drame émotionnel lors du dérapage d’un collaborateur (inévitable sur la durée, n’en déplaise à mon traditionnel optimisme).

Aussi louable soit-elle, cette attitude passe à côté d’une composante quelque peu essentielle : nous sommes tous différents les uns des autres. Pour éviter d’asséner péremptoirement cette vérité, je me penchai au-dessus de la margelle de mon expérience pour y puiser un exemple.

Manager (en construction), je menai un entretien annuel avec un encore plus jeune collaborateur, intégré depuis peu à l’équipe. Stéphane, (et oui c’est bien de Monsieur  Bouchon dont il s’agit) vantait mes mérites : « tu fais confiance »,  « tu laisses un large champ d’autonomie », «tu as une exigence forte  qui nous fait nous dépasser » … (Ma modestie me contraint ici à poser quelques points de suspension). Sur mon petit nuage, je jetai malgré tout de temps à autre, un regard inquiet vers le sol afin d’anticiper, au mieux, l’atterrissage. Boum sur le c.. ! « MAIS, ce serait bien aussi que tu fasses des  compliments ».

Non seulement j’ai capté le message 5/5 (en pleine tête et en plein cœur..) mais  j’ai aussi compris que « manager comme nous aimerions l’être » n’est  pas une clef universelle de réussite managériale. Chacun de nous a ses moteurs et ses freins et tout le challenge du manager est, justement, de décoder ceux de ses collaborateurs. J’avais naïvement transposé mes propres représentations :  quand on me faisait un compliment, mon imagination me transportait instantanément sur la piste d’un cirque, petit caniche dressé sur un tambour agitant ses papattes en l’air pour quémander sa récompense. L’enfer est pavé de bonnes  intentions, ne voulant pas infliger ce « supplice » à mes collègues,  je n’étais effectivement pas très généreuse en compliments…

Depuis ce mémorable entretien, je me suis soignée  énergiquement et cela grâce à Stéphane. Alors, encore « Merci » Monsieur Bouchon !!!

Si votre manager vous propose un coaching…

Souvenez-vous de cette petite histoire …

Dans son rêve, le curé d’un village entendit Dieu s’adresser à lui : « La pluie arrivera demain. Ton village sera inondé mais je veille sur toi ». Une forte pluie se mit à tomber le lendemain. Comme le risque d’inondation était réel, une équipe de secours évacua tous les habitants du village en leur faisant abandonner leur maison. Tout le monde partit, à l’exception du curé. Il répondit à la barque de secours qui se présenta : « Dans mon rêve, Dieu m’a dit qu’il veillait sur moi ».
Le lendemain, l’eau atteignit le premier étage des habitations. Une équipe de pompiers en zodiac vint et tenta d’emmener le curé. De nouveau, il refusa. Il disait qu’il avait reçu un signe et qu’il lui fallait montrer au monde qu’il était un homme de foi.
Le troisième jour, l’eau monta encore et la situation devint vraiment critique. Le curé était tout seul, perché sur le toit de sa maison. Une dernière équipe de secours en hélicoptère survola sa maison et tenta de le ramener à la raison. De nouveau, il refusa et les renvoya en réaffirmant sa confiance dans la parole qu’il avait reçu en songe.
Peu après, l’eau recouvrit entièrement la maison, le curé du village mourut noyé. Comme il avait toujours été un bon chrétien, Saint-Pierre lui ouvrit les portes du Ciel mais il refusa d’y entrer. Il disait que Dieu l’avait trompé, qu’Il lui avait promis le salut. Pourtant, il avait été le seul habitant du village à périr.
Saint-Pierre rétorqua que cela n’était pas possible, Dieu ne mentait pas. Il devait y avoir une explication. Il partit le chercher, entra au Paradis et, une demi-heure plus tard, il revint pour dire au curé : « C’est vrai, Dieu a dit qu’il veillait sur vous. Il vous a envoyé une barque, un zodiac et un hélicoptère mais par trois fois vous avez refusé son aide ».

Précision à l’attention des lecteurs de 1er degré (égarés sur ce blog), je ne vous conseille pas de rêver à votre chef la nuit et encore moins de le prendre pour un Dieu. Nous sommes dans le registre de la métaphore (oui, ok ça tape fort pour un mois d’août même s’il tire à sa fin !!!), si votre manager vous propose un coaching, ne vous dites pas que vous êtes fiché pour « insuffisances professionnelles notoires », comprenez que votre entreprise souhaite investir sur vous (la nuance est de taille par les temps qui courent !). Un ultime conseil, vous avez le droit (et même le devoir) de refuser de travailler avec un coach qui ne vous inspire pas confiance.

Comment enthousiasmer ses équipes ?

L’objectif ambitieux d’enthousiasmer ses équipes implique un minutieux travail préparatoire autour de 3 axes fondamentaux

  • Nommez à la tête de votre organisation un manager à sang froid, doté d’une foi inusable dans la supériorité de sa pensée unique et sachant alterner communication tyrannique (envers ses troupes) et communication affable avec vous et votre garde rapprochée (Pas folle la guêpe)
  • Fermez les yeux sur les signes cliniques émis par ses lieutenants : indigestion quotidienne, (nuits et week-ends compris) liée à l’absorption de couleuvres ou usure sévère et prématurée de la langue (la botte est un animal rugueux)
  • Renouvelez-lui régulièrement votre confiance en acceptant les justifications de ses résultats exécrables : héritage de ses prédécesseurs (les hommes politiques n’ont rien inventé), archaïsme de l’organisation (il est bien connu que le centralisme favorise l’épanouissement des centres de profit), incompétence chronique des équipes (en particulier chez les individus dont le nombre de neurones leur interdit d’entrer dans le moule du bon petit soldat) et bien sûr l’aubaine d’une crise économique mondiale.

Ces différents ingrédients réunis, laissez fermenter entre 4 à 5 ans. Pas moins, sinon les facteurs-clefs qui ont cimenté la culture et la réussite de votre groupe (fierté d’appartenance, implication des collaborateurs à faire rougir plus d’un auto-entrepreneur, reconnaissance client…) pourraient être encore détectables dans un moment de lucidité.

Pas plus, car sinon vous seriez l’heureux dépositaire d’une Saint-Jacques sans sa noix (et sans aucune garantie de retour en grâce, même en empruntant le chemin de Compostelle).

A l’issue de cette période, riche en émotions à défaut d’être humainement riche :

  • Débarquez le manager (désignation dont nous pouvons, en l’espèce, relever l’ironie) en ayant soin de ménager l’effet de surprise (pas de signe avant-coureur de disgrâce)
  • Officialisez votre décision un lundi matin (autant bien démarrer la semaine)
  • Présentez un successeur aux antipodes du précédent (Vous n’êtes pas pour autant obligé d’aller le chercher en Nouvelle Zélande, le portrait en creux est chaudement recommandé !!!).

Eh là Bravo (Christine et les autres), vous avez su créer un merveilleux enthousiasme au sein de vos équipes(*).

(*) Toute ressemblance avec une situation particulière d’entreprise serait fortuite et involontaire… Quoique

Accompagner les acteurs de l’entreprise sur leurs scénarios professionnels !