Motiver grâce à la démotivation

Francoise MathiauxVous en conviendrez sans doute,  ce titre « Motiver grâce à la démotivation » suppose quelques approfondissements…

Les entreprises, les organisations et autres institutions publiques et parapubliques déploient un trésor d’imagination pour motiver leurs collaborateurs même si parfois, je vous l’accorde, les principes et les discours s’évaporent à l’approche du terrain.

La « Boite à outil de la Motivation » est pléthorique : rémunération (en langage imagé : arbre qui cache la forêt), avantages sociaux, en nature (en tout bien tout honneur), challenge, promotion, formation, feedback, conditions de travail, tableau d’honneur et autres actions en monnaie plus ou moins sonnante.

C’est bien mais jamais assez me direz-vous, car les effets sont limités dans le temps et surtout, inégaux d’un salarié à l’autre. Frustrant (voire démotivant, chacun son lot) mais ô combien logique quand, de votre regard circonspect, vous constatez que chaque individu est différent de son prochain…

Sans vous inciter à renoncer à ces formules motivationnelles (je ne voudrais pas me fâcher avec la « population active » française et ses 29 millions de membres), je souhaite vous signaliser une autre voie que les entreprises ont quelques difficultés à emprunter spontanément…

Cette autre voie est l’exploration avec le collaborateur de sa perception de son poste de travail et de son environnement. De ces entretiens jaillissent deux grands types de bénéfices :

  • Le salarié a l’opportunité de verbaliser ses difficultés, ses peurs, de formuler des suggestions d’amélioration mais aussi de prendre conscience des éléments positifs qu’il n’a plus le loisir d’apprécier, enfermé qu’il est dans son ressassement
  • L’organisation dispose d’une source de performance, avec des points de progrès très pragmatiques, dont la mise en œuvre n’a souvent rien ni de dispendieux ni de révolutionnaire.

Les clés de la réussite :

  • Vouloir le faire, et de facto, faire confiance à l’intelligence du collaborateur et à son potentiel d’acteur constructif de la critique
  • Le faire (faire, c’est décider…)
  • Exploiter les résultats et communiquer sur leur mise en œuvre.

Alors motivés pour tenter l’expérience ?

Ressource et Vous accroche le Lustre

Ressource et VousPas de bougies à souffler cette année pour Ressource et Vous mais un (1er 🙂) Lustre : 5 ans. 

Née le 13 Mai 2009, dans les premiers sillons d’une crise que les experts annonçaient sévère (pour une fois qu’ils étaient d’accord) Ressource et Vous a tissé son activité au gré des rencontres, des opportunités, des challenges qui se sont enchaînés quasi naturellement jusqu’à ce 5ème exercice.

Là, changement de décor : 5ème exercice = 5 mois sur 12 : capricieux, atones, enfin bref merdiques. Et aucun scénario pour exhumer un boss machiavélique :

  • « Appelez-moi le DirCom ! Ce n’est pas parce que j’ai passé le budget Communication à 0 qu’il ne doit plus rien faire ! »
  • « Trouvez-moi le DirCo !!! Vous ne devriez pas peiner à le localiser, ce serait surprenant qu’il soit sur le terrain. Il préfère refaire le monde à la machine à café plutôt que suivre ses commerciaux à la culotte ! »

(Silence… )

  • « Eh oh ? Ouh ouh ? Y-a-quelqu’un ? » 

(Silence angoissant … )

J’avais oublié « Travailleur indépendant », c’est ta pomme. Pas de bouc-émissaire prêt à timbrer dans le tiroir en bas à droite.

Longue, (très, très très longue) période de questionnement où seules les réponses sont abondantes : « C’est ta faute si ça patine ». « Ton activité est nulle, c’est toi qui est nulle ! » (Minable a été un peu trop médiatisé ces derniers temps) « C’est de toi dont on n’a plus besoin ! » « C’est toi qu’on n’aime plus ! »

Identification totale : Quel pied !!! Solution masochiste contre-productive garantie : Se retrancher au fin-fond de la caverne.

Pied et contre-pied de la vie, de la vie de l’entreprise avec un téléphone qui redécouvre « l’appel entrant ». L’enthousiasme, le plaisir, l’envie qui déracinent les idées noires pour faire place nette à la confiance, à de nouvelles rencontres, à de nouveaux défis.

Les leçons de l’histoire : Certains experts (là ils ne sont pas tous d’accord) considèrent que la crise s’étiole, l’expérience de ces 5 années n’aurait-elle pas manqué de piquant sans ce petit coup de mou ? Pour gagner un combat, il faut bien connaitre son adversaire, j’ai réappris à lui sourire chaque matin dans ma salle-de-bains… Enfin, comme il faut bien quel avantage à sucer des cailloux, 5 mois de disette = 5 kg de perdus !!!

Merci à Marie-Christine, Paul, Ludo, Blanche, Sébastien, Isa, Jean-Luc, Stéphane, Roselyne, Frédéric, Damien, Marie-Laure, Loïc, Corinne, Lionel, Sophie d’avoir été là … sans l’ombre d’un doute.

Alors Envie ?    Envies ?    En Vie !!!

Stratégies de « Non-Décision »

Ressource et VousPlaie relayée par tous les ouvrages et autres formations sur le leadership, le Dirigeant est attendu sur sa capacité à décider.

Pour sereinement assumer votre rôle de décideur sans avoir à décider, voici quelques techniques glanées sur le terrain des opérations (Au cas où, lire la note en fin d’article …)

Un fâcheux vous soumet une problématique :

1- Ecoutez-le longuement (temps) puis informez-le que vous êtes attendu à une réunion (inutile de préciser « importante réunion » avec votre statut, c’est tellement évident) et surtout, qu’au vu du vif intérêt que vous portez au sujet (intrus compris), il ne serait pas raisonnable de traiter ce problème entre deux portes. Qu’il n’hésite pas, s’il le souhaite, à se rapprocher de votre assistante pour planifier un rendez-vous.

La chance que vous avez offerte au fâcheux de s’exprimer et le temps que vous lui avez consenti suffiront, pour certains, à clôturer le débat, sinon rendez-vous à l’étape 2.

2- Au cours d’un entretien judicieusement calé aux extrémités de votre agenda surchargé, demandez-lui de vous résumer sa demande (le temps a passé et s’il pouvait encore passer avant que vous n’ayez à prendre une décision…).

Ecoutez-le avec attention (temps). Par souci de bonne compréhension, posez-lui toutes les questions d’éclaircissement qui traversent votre fulgurant esprit analytique (temps). Pour élever le débat (et tenter de rehausser le niveau de réflexion de l’intrus), n’hésitez pas à illustrer vos propos de savantes élucubrations (temps).

Si malgré tous vos efforts, vous sentez que l’importun n’a pas renoncé à vous pousser à la décision, demandez-lui, avec un vrai grand sourire d’encouragement, de vous rédiger une note, détaillée, argumentée et plus même sans affinités.

Avec cette technique, le pourcentage d’élimination des fâcheux n’a rien à envier à la grippe espagnole, mais si (avec ou sans ballon rond) par un malheureux hasard votre fâcheux se découvrait des talents rédactionnels, revenez aux basiques de l’étape 3.

3- Tactiques usuelles de digression à votre portée (ou sur commande auprès de nos services si vous êtes à court d’imagination) : sa note s’est noyée dans le flot de vos mails (évitez de suggérer qu’elle se puisse s’être égarée parmi vos indésirables), demandez des compléments, des précisions, exigez une nouvelle note qui prenne en compte un nouvel élément sorti du chapeau (en même temps que le lapin, ça c’est pour Elodie), fixez de nouveaux rendez-vous sur votre agenda édité par la « Maison Calendes Grecques »…

Dans certains cas extrêmes (pour ne pas dire extrémistes), il arrive que sournoisement le fâcheux fédère d’autres fâcheux (ils doivent émettre des phéromones déviantes pour se reconnaître).

Laissez le lait sur le feu, faites-le mousser sans débordement (sauf si vous souhaitez que votre DRH s’épanouisse dans un projet personnel).

Si l’anti-monte-lait tambourine trop fortement, passez à l’étape 4.

4- Éteignez-le feu en décrétant que vous avez pris La Décision… La Décision de réaliser un diagnostic.

La situation étant complexe, les enjeux importants, étant vous-même un homme du consensus, demandez à votre Codir d’en rédiger le cahier des charges (puissance 10 sur l’échelle temps sans compter le compte épargne-temps dont vous disposez si vous relevez du Code des Marchés Publics…)

De réunions en réunions, choisissez le consultant, le périmètre et le planning d’intervention (Ah c’est ballot, déjà les congés d’été)

Choix du consultant : Choisir un intervenant qui aura à cœur de vous faire plaisir, en contrepartie de quoi, vous l’assurerez (en toute intégrité bien sûr) de durer (en jargon professionnel : récurrence de facturation)

Si malgré toutes les précautions prises, ce satané consultant venait à préconiser des décisions que vous n’avez aucune envie de prendre (le changement c’est comme le cancer, c’est pour les autres), montrez à quel point la pertinence de ses recommandations vous enthousiasme. Multipliez les réunions de restitution (temps) et autres engagements d’action … avec pour échéance salvatrice les prochains congés estivaux (Ah c’est vraiment ballot).

Les vacances, les sujets chauds de la rentrée, le temps s’étant (malheureusement) écoulé modifiant la donne de départ, rapprochez-vous (en tout bien tout honneur) de Pénélope. Sortez votre métier à tisser l’action de « non-décision » : Relancez un nouveau diagnostic avec un nouveau consultant…. Vous savez maintenant comment le choisir !

Note de l’auteur : Dans la lignée de la pensée de Pierre Desproges « On peut rire de tout mais pas avec tout le monde», cet article s’adresse exclusivement aux lecteurs adeptes de la dérision et de l’auto-dérision 🙂

Accompagner les acteurs de l’entreprise sur leurs scénarios professionnels !